La capitale était un véritable bouleversement dans la ville de la fille ainée d’Eddard Stark. Il fallait dire qu’elle ne pouvait pas mieux rêver. Elle était d’ailleurs la seule personne de la famille à être aussi enthousiaste à quitter le Nord pour rejoindre la capitale des Sept Couronnes. Elle aurait cependant bien évité la petite épopée au Trident où Lady, sa louve avait été exécutée par son père sous l’ordre du Roi. Elle n’avait pas encore pardonné à sa sœur cet évènement, car pour Sansa, elle était la seule responsable. La vie à la capitale en aurait été encore bien meilleure même si elle l’était déjà. Toute petite déjà, elle avait rêvé que sa vie prenne ce tournant là et aujourd’hui, elle y était. Follement amoureuse du Prince Joffrey, elle ne pouvait se passer de lui, car elle était certaine de vivre aussi bien que les princesses et les princes charmants contés lors de son enfance. Avoir autant de prestance et être aussi gracieuse que Cersai Lannister était également l’une de ses envies. Elle était si belle qu’il en était presque impossible de pouvoir l’égaler.

En ce début de journée chaude, Sansa avait décidé de sortir un peu, histoire de pouvoir utiliser un peu ses jambes. La vie au château était certes magnifique, mais beaucoup plus tranquille qu’à Winterfell. Elle n’avait pas réellement quitté ses appartements depuis son arrivée à Port-Réal, c’était donc l’occasion de changer cela. Habillée d’une robe bleu aussi claire que le ciel, elle descendit les marches afin d’arriver au hall d’entrée. Mais là, elle fut interdite de sortie sans escorte. Port-Réal n’était pas aussi sûre que l’enceinte de Winterfell apparemment puisque là-bas, elle pouvait se balader librement. Mais il était vrai que Winterfell était loin d’égaler Port-Réal en superficie. Elle accepta donc à contrecœur, car elle n’avait pas vraiment le choix. C’était un ordre du prince Joffrey lui-même, elle ne pouvait refuser.

Elle l’idéalisait, elle ne pouvait se mettre à contredire ses ordres, car pour elle, Joffrey était le prince dans toute sa splendeur, dans tout son charisme. Elle sortit donc avec une petite escorte et elle prit la direction du port. Là, l’air y était plus frais et c’était une bonne occasion pour se rafraichir un peu, car la chaleur étouffante était déjà bien présente en ce début de journée. Oui, le climat était une chose dont Sansa avait dû s’habituer. L’air à Winterfell était beaucoup plus frais que celui de Port-Réal et la température était également très différente, mais la chaleur ne faisait pas de mal non plus. Arrivant au port de la ville, Sansa put admirer une espèce de petit marché où des produits maritimes étaient vendus. Bien entendu, à l’arrivée de la princesse, les marchants s’empressaient autour d’elle afin de tenter de lui vendre quelconque produit. L’escorte de la fille Stark éloigna donc les paysans qui s’approchaient un peu trop d’elle. La demoiselle s’éloigna donc un peu du marché afin de s’approcher d’un petit muret et d’observer l’horizon.

L’air maritime venait caresser la peau de Sansa. Cette sensation était agréable, elle avait fermé les yeux pour apprécier cette douce brise. Elle les rouvrit pour observer les bateaux présents. Il y en avait beaucoup. Elle n’était jamais allée dans un port et elle n’avait donc jamais vu de bateau, c’était un spectacle nouveau auquel elle venait d’assister. Lorsqu’elle tourna le visage, elle vit quelqu’un approcher de sa position. Il s’agissait d’une demoiselle bien habillée. L’escorte de Sansa était déjà prête à intervenir, mais elle fit signe de ne rien faire. Ils étaient un peu susceptibles ces gardes-là ! Elle salua la Princesse de Winterfell et se présenta sous le nom de Catherine Dayne, provenant de Dorne. Catherine semblait légèrement plus âgée que Sansa et pourtant cette dernière était légèrement plus grande. Il fallait dire que la princesse était très élancée pour son âge.

- Enchantée Dame Catherine. Dit-elle avec le sourire aux lèvres.

La Dame de Dorne était l’une des premières rencontres de Sansa à Port-Réal. Elle n’avait pas eu l’occasion d’avoir beaucoup de discussions hormis avec les gens de la Cour du Roi. De plus, elle n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer une personne de la famille Dayne et encore moins une personne venant de Dorne. Il fallait avouer que cette région était encore plus éloignée de Winterfell que Port-Réal. Dorne était la région la plus au Sud de Westeros. Sansa observait Catherine dans les yeux. Derrière elle, il y avait visiblement ses gens qui l’accompagnaient.

- Qu’est-ce qu’une Dame de Dorne vient faire à Port-Réal ?

Une question somme toute banale afin de pouvoir ouvrir une discussion avec elle. Mais elle était également curieuse de savoir ce que Catherine faisait à la capitale. Il y avait sans doute une raison quelconque ou alors, Dame Catherine était simplement présente à Port-Réal de manière passagère.

Catherine Dayne n’avait rien d’agressif pourtant. Mais les gardes réagissaient à la moindre chose sans pour autant réfléchir aux conséquences que cela pouvait avoir. C’était bien malheureux, mais c’était comme cela. Ils suivaient les ordres sans pour autant réfléchir. C’était une chose que la princesse de Winterfell avait parfois du mal à comprendre. De toute façon, elle était une Dame et elle n’avait rien à avoir avec cela. Elle savait bien faire ce qu’elle faisait et elle ne se mêlait pas du tout du travail des autres. Sauf peut-être de sa petite sœur lorsqu’elles étaient encore à Winterfell. Comment pouvait-elle s’intéresser aux armes et armures qui allaient si bien aux hommes ? Ce n’était pas du tout le domaine d’Arya à la base et pourtant, elle semblait de plus en plus attirer par cela.

Le fait de pouvoir rencontrer quelqu’un au port était une bénédiction. Sansa n’avait pas eu beaucoup l’occasion d’ouvrir la bouche ces derniers temps. Elle n’avait pas eu l’occasion de rencontrer d’autres personnes que les gens de la Cour. Alors rencontrer des personnes extérieures était bien évidemment une aubaine pour la jeune fille qui pouvait enfin changer de registre. Elle n’entendait que des paroles de politicien à la Cour. À vrai dire, il fallait qu’elle s’y intéresse et elle s’y intéressait, car en tant que promise à Joffrey Baratheon, elle devait en avoir conscience. Cependant, pouvoir discuter d’autres choses la changeait également, ce n’était pas si mal. Elle venait donc de poser une question à la Dame de Dorne sur les raisons de sa présence ici pour ouvrir la discussion, mais aussi parce que Sansa était tout simplement curieuse de savoir ce qu’une personne de Dorne faisait ici.

Catherine voulait voir le monde. Port-Réal était vraiment l’endroit rêver pour cela. Cette ville était vraiment cosmopolite, on retrouvait des gens des quatre coins du royaume des Sept Couronnes. À chaque coin de rue, on pouvait rencontrer des gens qui venaient de partout et de nulle part, c’était vraiment intéressant. Elle n’avait jamais quitté Dorne et il n’y avait aucune honte à ça. Sansa n’avait jamais quitté le Nord non plus, la capitale était une aventure inédite pour la fille ainée des Stark. Mais elle vivait cette aventure avec une intensité forte car elle se plaisait vraiment ici. Comme le disait si bien Catherine, la vie à Port-Réal était différente de tout, de tout ce que l’on pouvait connaitre et Sansa n’échappait pas du tout à la règle. Ce fut ensuite à la Dame de la famille Dayne de poser une question. Elle voulait savoir si la vie à la capitale lui convenait.

Il est vrai qu’en quelques jours, la vie de Sansa avait basculé. Lorsque le Roi Robert Baratheon était venu à Winterfell pour demander à Eddard Stark de devenir sa main et qu’elle était tombée éperdument amoureuse du beau prince, elle n’avait imaginé mieux. Elle était donc venue à Port-Réal avec le cœur ouvert contrairement aux autres membres de sa famille qui étaient plutôt réticents. Mais il n’y avait pas de secrets, ce n’était pas à Winterfell que Sansa allait devenir ce qu’elle avait toujours voulu être, ce n’était pas dans le Nord qu’elle allait pouvoir essayer d’égaler Cersei Lannister. Lui ressembler était l’une des envies de Sansa et le fait de pouvoir la côtoyer était un véritable rêve pour la jeune fille.

- Cette vie est totalement différente à celle de Winterfell et je m’en accommode très bien. Le fait que père devienne la Main du Roi m’a permis de frôler le sol de la capitale et je ne le regrette point.

Le simple fait d’en parler était une véritable satisfaction, les yeux bleu profond de Sansa pétillaient rien que d’y penser. Elle avait beaucoup de chance d’être là et elle le savait. Beaucoup de personnes feraient n’importe quoi pour pouvoir vivre de manière correcte à la capitale, car ce n’était pas donner à tout le monde. De plus, Sansa avait l’occasion de côtoyer la Cour et elle avait même eu l’occasion de voir de ses propres yeux le Trône de Fer. L’agitation commençait à se faire grandissante. Certains marchants levaient l’ancre pour aller rechercher de la marchandise tandis que d’autres étaient en train de la décharger. Cette ville était une véritable plaque tournante de passage et autres. C’était l’un des principaux changements avec Winterfell.

- Il faut dire que la ville déborde de vie.

Sansa fit un léger sourire.
 

Port-Réal était vraiment majestueuse. Ce n’était pas par le simple fait que la ville débordait d’énergie ou encore que la température était chaude, mais également par le fait que la ville était magnifique. L’architecture n’avait rien avoir avec certaines contrées sauvageonne du Nord. Winterfell avait vraiment l’air d’une terre de barbare comparé à la beauté de Port-Réal. Malheureusement, une telle ville n’échappait pas à ses démons. Elle n’était pas totalement sûre, surtout la nuit. Il y avait des vols, des agressions, des meurtres et même des viols. Malheureusement, dans une ville aussi grande, la sécurité ne pouvait qu’être amoindrie surtout que certains quartiers étaient plus laissés à l’abandon des autorités que d’autres. C’est pourquoi Sansa ne pouvait vagabonder seule dans la ville, même en plein jour. Elle devait être accompagnée d’une escorte armée, même si elle ne voulait pas de ça. À Winterfell, elle pouvait marcher toute seule sans avoir directement trois gardes pour la surveiller.

Mais la demoiselle était connue ici. Les rumeurs allaient vite… Après tout, elle était promise au Prince Joffrey et même si cela n’était pas encore dévoilé au grand jour, les rumeurs couraient. Par contre, elle était la fille de la nouvelle Main du Roi et ça, c’était officiel. Elle devait faire attention à elle et surtout à son image. Là-dessus elle ne se faisait pas trop de soucis. Elle avait été éduquée pour devenir une véritable princesse. Elle savait bien se tenir, elle savait agir en conséquence, elle ferait une très bonne épouse. Sansa n’avait rien avoir avec sa sauvageonne de sœur. Le Nord l’avait trop contaminé, jusqu’à son cœur et elle était devenue plus un homme qu’une future dame de la Cour. C’était la principale raison du conflit qui liait les deux sœurs Stark.

Sansa quitta ses pensées lorsque la Dame de Dorne lui posa une question. Elle s’excusa des questions qu’elle posait, de la gêne que cela pouvait occasionner chez Sansa. Elle regardait Catherine dans les yeux. Les questions de cette dernière ne la gênaient pas forcément, après tout ça la changeait un peu de discuter avec quelqu’un d’autre que les gens de la Cour. Elle n’aurait pas hésité à le dire à la Dame du Sud si ses questions la dérangeaient. Elle demandait à la fille de la Main du Roi si elle avait déjà rencontré la Reine. Ah, Cersei Lannister… Tout le monde la connaissait de par son mariage avec Robert Baratheon et du fait qu’elle devint en ce jour Reine des Sept couronnes, mais tout le monde n’avait jamais eu l’occasion de la rencontrer et même de discuter avec elle. Sansa faisait partie de ces gens qui avaient vraiment eu de la chance. Elle avait rencontré Cersei pour la première fois à Winterfell lorsque le Roi vint faire la proposition à Eddard Stark de devenir Main du Roi.

En tout cas, Catherine voulait savoir si les choses que l’on racontait sur la belle Cersei étaient vraies. Après tout, les rumeurs allaient vite, les bardes pouvaient parfois exagérer lorsqu’ils parlaient de la beauté de leur Reine, mais la plupart des choses étaient probablement vraies. Sansa était admirative devant la femme du Roi. Elle était majestueuse, ses cheveux blonds étaient parfaits, tout était parfait chez elle d’ailleurs ! Elle avait tellement de prestance. Sansa regardait toujours Catherine dans les yeux. La Dame de Dorne semblait bien curieuse, car elle ne l’avait jamais rencontrée.

- Toutes les Dames devraient ressembler à la Reine. Elle est tellement belle, tellement majestueuse. La rencontrer a été un véritable bonheur pour moi. Je rêve de pouvoir la ressembler un jour. Comme toutes les Dames qui l’ont rencontrée, je pense.

Oh oui, Sansa espérait un jour pouvoir égaler un maximum la Reine actuelle bien qu’elle était persuadée ne jamais y arriver. Ressembler à Cersei Lannister en devenait presque impossible par le fait qu’elle était simplement unique.

- Si un jour vous avez le bonheur de la rencontrer, vous serez également de mon avis, j’en suis certaine.

Sansa fit un léger sourire, replaçant une mèche rebelle qui venait s’immiscer devant son œil gauche. Le vent était beaucoup plus présent au port qu’ailleurs, mais il ne s’agissait nullement d’un vent aussi rude que dans le Nord mais d’un doux vent chaud.

La fille de Dorne croyait bien la princesse de Winterfell. Il est vrai que Sansa avait peut-être mis un peu trop de cœur dans ce qu’elle avait dit, n’étant plus totalement objective, mais la majorité des choses qu’elle disait étaient vraies. Cersei Lannister était vraiment la Reine par excellence et la ressembler était vraiment difficile tant elle était parfaite. Enfin, du point de vue de Sansa bien évidemment, car certains disaient aussi que Cersei ne faisait que de profiter de son mariage avec Robert Baratheon afin de pouvoir tirer les ficelles. Mais ça, c’était, un discourt, des gens qui repoussaient la famille Lannister. La jeune princesse avait entendu pas mal de choses sur les Lannister et surtout sur Jaimie, le frère jumeau de la Reine. Beaucoup disaient qu’il était cruel et qu’il n’hésitait pas à tuer si il en avait l’occasion. En tout cas, Sansa espérait vraiment ne jamais se retrouver dans la même pièce que lui, seule.

Tout en chassant cette pensée de sa tête, l’air chaud émanant du port venait caresser la peau blanche et délicate de la fille ainée d’Eddard Stark. Elle ne frissonnait plus à chaque bourrasque de vent qui venait la caresser, car il était chaud, parfois même trop chaud pour elle. Mais ici, la fraicheur du port rendait le vent tellement agréable qu’elle attendait chaque fois, avec impatience, une nouvelle bourrasque pour pouvoir la sentir la caresser. Ce n’était pas du tout comme à Winterfell où Sansa priait à chaque fois pour que le vent ne soit pas trop violent afin de ne pas attraper froid. Il fallait se couvrir là-bas, surtout pour les personnes qui n’avaient pas l’habitude du Nord. Sansa avait vécu là-bas toute sa vie, elle avait donc plus l’habitude même si parfois, ça lui arrivait d’avoir froid. Non, Sansa devait plutôt s’habituer à la chaleur du Sud, étonnant, non ?

D’ailleurs, Catherine venait de demander comment était la vie à Winterfell, si elle était différente de la vie à la capitale, s’il neigeait en ce moment même. Sansa fit un léger sourire à la dame de Dorne. Beaucoup de gens étaient curieux de savoir comment c’était dans le Nord et c’était normal, peu de gens avaient la chance de rencontrer une personne du Nord et vice-versa. Sansa n’avait jamais rencontré des gens du Sud lorsqu’elle était à Winterfell, jusqu’au moment où le Roi frôla la terre de Winterfell. La princesse posa ses yeux sur Catherine Dayne. Pourquoi ne pas lui répondre ? Elle était curieuse de savoir comment était Winterfell.

- La vie est très différente. Winterfell est beaucoup plus calme que Port-Réal, moins vivante, mais là-bas, on se sent chez soi. Disons qu’ici, je ne peux pas sortir sans escorte de peur que je me fasse agresser dans un coin de rue. Mais malgré cela, j’aime vivre ici.

Oui, Sansa avait été la seule personne heureuse de la famille à pouvoir quitter Winterfell pour rejoindre Port-Réal. C’était en partie pour le mariage avec le Prince Joeffrey, mais aussi pour pouvoir découvrir autre chose que les remparts de la forteresse de son père.

- Il n’y avait pas encore de neige, mais l’on raconte que le plus long été se termine et qu’un hiver très rude est sur le point de voir le jour.

Sansa n’avait jamais connu d’hiver et elle n’allait pas le connaitre puisqu’elle allait vivre dans le Sud pour le restant de ces jours. Son mariage avec le prince Joeffrey lui assurait une place à Port-Réal pour jusqu’à son dernier soupir.

- Marchons un peu.

Sansa avait envie de se dégourdir un peu les jambes sans pour autant s’éloigner du port, car l’air y était plus frais qu’ailleurs. Tout en commençant à marcher aux côtés de Catherine, elle tourna sa tête pour la regarder.

- Et à Dorne ? Je n’ai jamais rencontré des gens venant de cette contrée lointaine, que l’on dit séparée du reste du monde.

Oui, Dorne était séparée du reste du continent par une chaine de montagnes qui portait le nom de Montagnes rouges. Sansa était probablement aussi curieuse à ce sujet que l’était Catherine pour Winterfell.