Le soleil se levait sur la capitale. Trois petits oiseaux s'étaient posés sur le rebord de la fenêtre du bureau de Littlefinger qui s'était levé tôt pour compléter la paperasse habituelle de son établissement des plaisirs. Dans l'ombre, le seul bruit de sa plume frottant le manuscrit régnait dans la pièce. Sur le large lit installé tout près de son bureau en chêne, deux femmes s'adonnaient à leurs activités, sans attirer le moindre regard de Petyr qui voulait à tout prix terminer ce travail le plus rapidement possible. Disons que des affaires beaucoup plus importantes l'attendaient: Tyrion Lannister avait passé la nuit ici et il devait quitter pour le Nord durant la journée. Le doux visage de Catelyn Tully apparut alors dans l'esprit de Baelish qui cessa soudainement d'écrire, penseur. Ce nain serait, dans quelques jours, aux côtés de la femme qui hante les rêves de l'Argentier depuis tant d'années. Encore cette nuit, Petyr n'avait pu exclure la femme d'Eddard Stark de ses rêveries et il s'était réveillé en sursaut, frustré et rageur envers lui-même. Un jour il retenterait sa chance, et avec la mort mystérieuse de la Main du Roi, la donne pouvait changer et, de ce qu'avait appris Baelish, les Stark se retrouveraient beaucoup plus près du Trône de Fer dans les prochains mois...

Regardant distraitement par la fenêtre, Petyr se ressaisit et mit la touche finale à son rapport qui enroula et serra dans un tiroir prévu à cet effet. Se levant d'un bond, il réajusta sa tunique et fit signe aux deux jeunes femmes de déguerpir de son bureau.

-"Allez mesdames, des clients doivent probablement attendre après vos talents au premier étage!"

Attendant qu'elles aient descendu l'escalier, Baelish traversa lui aussi la porte de ses appartements et suivit le même chemin que les deux prostituées. Deux clients lui souhaitèrent une bonne journée et Petyr leur répondit de son sourire énigmatique tout en adressant un oeil complice à la fille qui les accompagnait. Deux capitaines de l'armée des Lannister, il semblerait que les plaisirs charnels soient coutumes dans cette noble famille. Rapidement, il rejoignit la réception où une de ses employées attendait que des nouveaux clients fassent leur apparition, mais à cette heure, c'était plutôt les départs qui étaient fréquents et non les arrivées. Un bol de fruits y était déposé et Petyr s'y prit une pomme et y croqua à belles dents. Sans quitter l'extérieur du bordel des yeux, il demanda à la femme:

-"Le demi-homme est toujours ici?"

-"Je ne l'ai pas vu quitter... Quoique à sa taille il peut être facilement passé sous mon champ de vision."

Un sourire moqueur s'effaça vite des lèvres de Petyr alors qu'il tourna la tête vers la réceptionniste.

-"Petit, certes, mais bruyant. S'il était parti, tu t'en serais aperçu, fais-moi confiance."

Et des pas dans l'escalier raisonnèrent derrière Baelish...